13 Novembre 2015
Nous reprenons ici un article de l'UL-CGT de Dieppe à propos des dangers du "tout route" auquel incite la loi Macron qui obéit aux injonctions de Bruxelles. Car ce sont bien les réformes de libéralisation du rail, préconisées par Bruxelles avec l'aval des gouvernements français successifs, qui ont précipité sur les routes des milliers de poids lourds et maintenant des milliers d'autocars, beaucoup plus polluants et beaucoup plus dangereux. Le trafic du fret ferroviaire en France, tous opérateurs confondus, a chuté de 31% entre 2003 et 2013. La loi Macron va jeter des milliers d'autocars sur les routes. Bien sûr, il est des cas où on l'on ne peut éviter le transport par car et c'était peut-être le cas de cette excursion de personnes âgées. Mais multiplier les transports par cars et par poids lourds amplifie les risques. Sans compter les dérégulations successives des règles de transports et de sécurité : tonnage de plus en plus élevé, semi-remorques sur des départementales inadaptées à un tel type de véhicule, travail détaché, cabotage illégal d'entreprises de transports basées dans un autre pays européen ( plus d'une dizaine d'entreprises de transports routiers sont basées en Pologne, souvent des filiales de groupes d'autres pays européens, comme l'Allemagne par exemple ...).
LE DANGER DES MILLIERS D’AUTOCARS MACRON
Tout juste une semaine après la Une des Informations-dieppoises (le 16 octobre 2015), et une entière page 3 sur l'ouverture d'une ligne d'autocar Macron entre Dieppe et Paris, le 23 octobre — cassant les prix — l'accident de Puisseguin est venu remettre les pendules à l'heure et refroidir les ardeurs.
Pas sûr que les 3 personnes interrogées dans ce numéro, se disant prêts à aller à Paris en Bus, répondraient aujourd'hui la même chose ! D'autant que des incidents se multiplient comme cette affaire de conducteur de bus sans permis que la Voix du Nord a révélé hier.
Au lieu d'ouvrir des lignes de bus sur des routes de plus en plus encombrées de semi-remorques et de poids lourds, et de mettre en danger les voyageurs, ne ferait-on pas mieux de développer le chemin de fer ?
"Un accident du travail, n’est pas le moment de se recueillir, mais de faire le maximum de bruit pour que les consciences s’éveillent, à chaud, et que les mesures soient prises vite, pour que ça ne se reproduise plus. C’est à ce moment là, hélas, tous les praticiens le savent, qu’on a le plus de chances de stopper des travaux dangereux et d’imposer des mesures de sécurité. Et souvent les patrons dans ces cas-là sont pour le recueillement des familles pas pour l’enquête de l’inspection du travail ni des services de sécurité !
Les gros médias des 7 milliardaires ont parlé des « chemises déchirées » à Air France mais jamais de ça ! Sinon ils auraient été obligés de reconnaitre que 21 % d’intérimaires chez Arcelor, site classé « Seveso » et en convention avec l’état, c’était tout simplement criminel.
Les gros médias ont critiqué ceux qui parlaient très vite des urgences que soulevait ce drame. Bien sur que ces morts-là n’ont pas été causés par la loi Macron du 8 août 2015 mais ils alertent forcément car depuis 6 semaines, 250 000 passagers ont été transportés, à cause d’elle, en autocar contre 110 000 pour toute l’année 2014.
D’autant que des millions de pauvres, retraités, jeunes, n’ont pas le choix, exclus du service public de la SNCF par le prix exorbitant des trains, les voilà relégués dans une nouvelle « 3° classe » sur des routes dangereuses, dans l’insécurité des files de cars doublant des camions. Le tout autoroute contre le rail et le fret.
Charles Fiterman, ancien ministre des transports, listait dans l’Humanité du 17 octobre 2014 l’ensemble des inconvénients du transport par autocar : « Veut-on une nouvelle catastrophe comme celle survenue à Beaune sur l’autoroute A6 le 31 juillet 1982, avec 44 enfants morts ? »
Que va-t-il arriver avec des milliers de plus lâchés de façon incontrôlée sur toutes les routes ? Les transporteurs se sont rués sur l’or sans même que les décrets d’application de sécurité de Macron aient été publiés. C’est la course des compagnies sous-traitantes, avec des intérimaires, et demain, des auto-entrepreneurs «uberisés». Sans parler de la pollution totalement contradictoire avec la COP21.
Vite, retour au progrès : autant de rail que possible en service public, moins cher et pour tous, et seulement des autocars quand il n’est pas possible de faire autrement."
Par: Gérard Filoche