Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
citoyen18.overblog.com

La porte à gauche. Jean FERRAT a chanté que certains prétendent que le bonheur était à la porte à droite. Aujourd’hui est-il à la porte à gauche ? Oui ! mais à la condition de secouer le cocotier de la pensée convenu ! Ce petit blog crée à l’initiative de quelques militants communistes de Vierzon n’a d’autres ambitions que de donner aux citoyens un support pour s’exprimer librement sur les sujets politiques, sociaux ou culturels d’actualité du local à l’international, qui s’émancipe des discours convenus, des lignes officielles décidées par quelques notables de la politique, aux doubles langages, aux bonimenteurs de vraies fausses solutions et qui cultivent la résignation. Déverrouillez les débats et enfoncez la porte à droite (….ou à gauche ?) Les seules limites, car il en faut, à notre liberté : Celle du respect des personnes, le souci de la vérité et de faire vivre le débat. Ainsi seront exclus tous messages comprenant des insultes ou diffamations visant une (des) personne(s), seront exclues, s’ils sont avérées, des informations mensongères ou rumeur infondées. Chacun pourra également participer au débat juste et loyal en signalant un abus de cette nature. Les productions de ces abus seront retirés et l’auteur exclu du blog.

« C’est là que la gauche est attendue, pas ailleurs ! »

Entretien avec Charles Silvestre, vice-président des Amis de l’Humanité, qui vient de publier "Je suis Jaurès". Samedi, son propos sera au cœur de la rencontre intitulée « Après Charlie, la République en question ».

Le 11 janvier 2015, le cri « Je suis Charlie » a témoigné d’une mobilisation populaire massive, pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’y faire écho par ce « Je suis Jaurès » ?

Charles Silvestre En janvier 2015, comme beaucoup je subis une sorte de traumatisme. Les meurtres du 7 janvier à Charlie, puis du 9 dans la supérette casher font horreur. C’est la première réaction. Ensuite, le 11 janvier a lieu la manifestation qui s’appelle « marche républicaine ». Nous ne sommes plus, déjà là, dans l’horreur mais, dans une démarche faisant appel à la République. Le soir même, en rentrant de la manif, me revient en mémoire une formule de Jaurès : « Ô république imbécile qui toi-même te trahissait, qui toi-même te couchait sous l’insolence des grands chefs, es-tu enfin réveillée et résolue à te défendre ? ». En Juillet 1899, il fait alors référence aux grands chefs de l’armée qui après avoir commis une forfaiture contre le capitaine Dreyfus l’accablent encore. Instinctivement, je me suis demandé : « Mais qui sont les grands chefs sous l’insolence desquels la république aujourd’hui se trahit elle-même ? ». C’est évident : ces grands chefs sont maintenant ceux du CAC 40 !

Et donc, après l’émotion vient le temps de la réflexion ?

Charles Silvestre Oui et deux faits ont marqué la suite. D’abord, tous ces commentaires autour de la non-présence des « cités populaires ». Ce n’est pas encore clair. Pour ma part, je ne crois pas que les cités étaient indifférentes à ces meurtres mais elles ne se reconnaissaient pas dans cette marche républicaine-là. C’est déjà un problème parce que  ce sont les personnes les plus en difficulté. Deuxième événement : fin mars, les élections départementales. 50% des Français s’abstiennent et parmi ceux qui votent, près de 25% mettent un bulletin Front National dans l’urne. Drôle de République ! On me parle de sursaut républicain et celui-ci se solde par une abstention massive et un vote d’extrême droite en pleine ascension. Quelque chose ne tourne pas rond dans cette république ! Cela m’a à la fois intrigué, sollicité et mobilisé. Il fallait alors trouver des repères. Je ne suis pas historien, ce n’est pas mon objet. Mais, en revanche j’ai repris une histoire rapide de la république, et j’ai redécouvert une chose : toutes les républiques naissent ou renaissent de mouvements dans lesquels il y a de la révolution dans l’air : 1789 et 1792, février 1848, la Commune, le Conseil National de la Résistance… La République pour se renouveler a besoin de soulèvements de la société en profondeur. C’est une question de fond plus que de forme.

Vous cherchez alors à relever ce qui pourrait retisser un nouveau projet républicain ?

Charles Silvestre Jaurès nous y invite. Je cite son discours à la jeunesse du 30 juillet 1903 à Albi : « La république est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace ». Aujourd’hui, il y a deux sujets où il y a un problème d’indignité nationale. C’est d’abord la jeunesse. Il y a  cinq millions de chômeurs, de tous âges. Mais, on le sait, les jeunes sont frappés en direct. Des jeunes, formés, qui ont envie de bien travailler, sont payés au SMIC et n’ont même pas de quoi se payer un loyer. C’est indigne ! Il y a là quelque chose qui n’est plus républicain. Deuxièmement, c’est la relation au travail. En tant que journaliste, je prends en compte l’actualité dans ma réflexion. Lorsque je vois comment les ex-Fralib à Gémenos reconstruisent une usine, cela fait penser à la verrerie ouvrière d’Albi pour laquelle Jaurès s’est beaucoup engagé. A chaque fois, c’est la reconstruction d’une communauté de travail qui n’est plus celle du monde capitaliste, avec des actionnaires qui commandent tout, un PDG et en dessous des exécutants. Là, les exécutants n’ont pas voulu être exécutés. C’est capital : la République se crédite par le bien-être qu’elle procure. A travers l’histoire, elle a su le faire grâce notamment à la réduction du temps de travail (durée hebdomadaire et retraite). Cette république sociale a permis, en 1936, de battre, un temps, le fascisme. Si la république répond aux attentes sociales, le peuple ne va pas se tourner vers la démagogie fasciste. Aujourd’hui, pour battre le FN, il faut que la République devienne sociale. C’est là que la gauche est attendue, et pas ailleurs.

Vous parlez d’une « république sociale et laïque », et aussi de ce vous appelez une « république grand large », universelle. Est-ce cela « être Jaurès » ?

Charles Silvestre « Je suis Jaurès », ce n’est pas se prendre pour lui. C’est simplement que chacun s’inspire de sa méthode : la république est une construction permanente. Par exemple, pour Jaurès, la laïcité est discussion. Elle doit être concertée pour être vivante. De la même façon, dans ce monde de guerres et de drames, face à cette  Méditerranée que Braudel appelait « berceau des civilisations » et qui tourne au cimetière, Jaurès nous aide à voir, aussi, à l’échelle de la planète, l’universel auquel, que nous le voulions ou non, nous sommes convoqués.

 
 PAR 
PIERRE CHAILLAN
  • Je suis Jaurès, de Charles Silvestre. 
Éditions Privat avec le soutien de l’Humanité, 120 pages, 6,90 euros.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article