24 Mai 2015
BILLET d'Humeur.
En à peine plus de 24 heures, le foot français est devenu fou. Jeudi, en fin d’après-midi, Frédéric Thiriez, président de la Ligue professionnelle de football, a annoncé pour la saison 2015-2016 une réduction du nombre de montées et de descentes en Ligue 1 et Ligue 2 : deux au lieu de trois. «C’est une décision importante pour l’avenir et la modernisation du football», a expliqué Thiriez, qui explique que cette décision a été prise «à la quasi-unanimité» – ce qui nous étonnerait. «L’idée est de dire que les investisseurs ont besoin d’un peu plus de sécurité. Trois montées et trois descentes, c’est trop.»
L’idée est claire, elle traînait du reste dans un rapport rédigé en avril par le duo Pierre Dréossi – Frédéric de Saint-Sernin, respectivement ancien directeur sportif et ancien président du Stade rennais : minimiser la part d’aléa sportif dans le football sous le motif que cet aléa impacte l’économie des clubs (les droits télés sont sans commune mesure en Ligue 1 et en Ligue 2). Les deux hommes avaient même poussé le bouchon encore plus loin : une seule descente sèche en Ligue 1 (donc une seule montée) et un barrage entre le 2e de Ligue 2 et le 19e de Ligue 1, histoire de réduire, les bonnes années, le nombre de descente à une.
Ce qui revenait presque, dans les faits, à faire de la Ligue 1 une Ligue fermée sur le modèle des franchises professionnelles nord-américaines (basket, hockey, etc.) : pas de montée ni de descente et des investissements «sécurisés» autant que faire se peut. Le rapport de Dréossi – Saint-Sernin avait quelque peu fait ricaner dans le milieu tant la ficelle paraissait grosse. Il fallait en vérité y voir un ballon d’essai.
Thiriez peut par ailleurs dire que trois descentes, «c’est trop», il s’agit là précisément de la jauge retenue pour les championnats italien, anglais ou espagnol, seule l’Allemagne n’expédiant que deux équipes un étage plus bas en fin de saison pour la bonne raison qu’il n’y a que 18 équipes en Bundesliga et non 20 comme en France ou dans les pays précités. Thiriez étant une marionnette dans les mains du syndicat des présidents de clubs, tout-puissants à la Ligue, on y verra la main des plus influents d’entre eux, Jean-Michel Aulas en tête.
Cette décision comme tombée du ciel (personne n’avait rien vu venir) arrive dans un contexte particulier puisque mercredi, le Nîmes olympiques, convaincu de tentative de corruption et relégué à ce titre en National (Nîmes joue en L2) cet hiver, a été finalement requalifié en L2 pour la saison 2015-2016, n’accusant plus qu’une pénalité de 8 points en début d’exercice. Un changement de pied incroyable : la tentative de corruption est avérée, les faits – basés sur une enquête de police – font consensus, il n’y a aucune différence d’interprétation des susdits faits par les deux juridictions (la Ligue d’abord qui a prononcé la rétrogradation, la Fédération ensuite) qui se sont penchées sur l’affaire… et Nîmes passe du statut de condamné à celui d’équipe maintenue.
Pas si grave d’essayer d’acheter les matchs, finalement. Et puis bon, encore un petit effort "une relégation au lieu de deux, puis zéro" et ce ne sera même plus la peine de gagner pour figurer dans l’élite. Empêché d’accéder à la Ligue 2 en début de saison alors qu’il avait gagné sa place sportivement à l’issue du championnat de National (3e échelon), Luzenac l’avait compris avant tout le monde.
Par: