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La porte à gauche. Jean FERRAT a chanté que certains prétendent que le bonheur était à la porte à droite. Aujourd’hui est-il à la porte à gauche ? Oui ! mais à la condition de secouer le cocotier de la pensée convenu ! Ce petit blog crée à l’initiative de quelques militants communistes de Vierzon n’a d’autres ambitions que de donner aux citoyens un support pour s’exprimer librement sur les sujets politiques, sociaux ou culturels d’actualité du local à l’international, qui s’émancipe des discours convenus, des lignes officielles décidées par quelques notables de la politique, aux doubles langages, aux bonimenteurs de vraies fausses solutions et qui cultivent la résignation. Déverrouillez les débats et enfoncez la porte à droite (….ou à gauche ?) Les seules limites, car il en faut, à notre liberté : Celle du respect des personnes, le souci de la vérité et de faire vivre le débat. Ainsi seront exclus tous messages comprenant des insultes ou diffamations visant une (des) personne(s), seront exclues, s’ils sont avérées, des informations mensongères ou rumeur infondées. Chacun pourra également participer au débat juste et loyal en signalant un abus de cette nature. Les productions de ces abus seront retirés et l’auteur exclu du blog.

Thierry Lepaon : "Le rassemblement, 
c’est notre seule force à nous"

50ème Congrès de la CGT. À dix-sept ans, 
il décroche un premier poste de soudeur. 
À cinquante-trois ans, ayant connu plusieurs fois les affres 
du licenciement, Thierry Lepaon se retrouve à la tête 
de la CGT, avec pour mission de souder ceux qui luttent. Parcours.

Les deux hommes se serrent ostensiblement la main. Les flashs des appareils photo crépitent. Thierry Lepaon a cinquante-deux ans lorsque Bernard Thibault le présente officiellement à la presse comme le futur secrétaire général de la CGT. Nous sommes en novembre dernier au sein des locaux confédéraux, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Bernard Thibault a le souci de mettre fin à ce qui apparaissait comme une « crise de succession », notamment après que la candidature de l’infirmière Nadine Prigent, proposée par lui, a été refusée par les instances démocratiques du syndicat : « Après débat, le CCN (comité confédéral national – NDLR) s’est exprimé par un vote. Et sur les 121 organisations qui étaient présentes, il y a eu 119 voix pour et deux abstentions. Je réponds par avance aux curieux en précisant qu’il s’agit de deux unions départementales. Ce qui laisse donc entendre que toutes les fédérations professionnelles ont voté pour. Et permettez-moi de dire à ceux qui considéreraient que Thierry serait un candidat par défaut, qu’ils se trompent et qu’ils devront en faire le constat à l’usage. »

Dans la foulée, Thierry Lepaon, costume noir sur chemise blanche à col ouvert, tenue qu’il affectionne en toutes occasions, livre immédiatement un échantillon de son franc-parler : « J’entends être le secrétaire général de la CGT élu par l’immense majorité du comité confédéral national. Je souhaite, et ne doute pas non plus, que le CCN qui se réunira pendant le congrès confédéral national me renouvellera sa confiance, pour que l’on puisse ensemble diriger la CGT. » D’un trait d’humour, il commence alors à camper l’image sympathique de son personnage : « Je sais, parce que vous me le rappelez tous les jours – et c’est bien, parce que cela m’évite de développer un orgueil profond, que je ne suis pas le premier choix. Effectivement. Et je fais moi-même partie de ceux qui pensaient qu’il aurait été aussi bien qu’une femme devienne secrétaire générale de la CGT. Les conditions n’étaient pas réunies pour que cela puisse se faire. Nous en avons pris acte ensemble et nous avons essayé de trouver une solution qui permette de rassembler l’ensemble des organisations de la CGT, ce à quoi nous travaillons. » Et Thierry Lepaon n’oublie pas de lâcher une phrase que tous les médias reprendront : « Le rassemblement, à nous, c’est notre seule force. La division, c’est l’arme des employeurs. »

Bernard Thibault souhaitait, certes, qu’une femme lui succède. Mais il affichait aussi l’ambition de confier la tête du premier syndicat de France à une personnalité issue du secteur privé. Thierry Lepaon répond à ce vœu, qui dépasse le symbole tant il s’agit pour la CGT de correspondre au salariat d’aujourd’hui.

«Lepaon». En un mot ! Il y tient, l’ancien ouvrier soudeur de Basse-Normandie, fils d’un maçon et d’une cuisinière, formé à la chaudronnerie, qui a enfilé le bleu de travail dès l’âge de dix-sept ans du côté de Caen, chez Caterpillar. Il avait alors adhéré à la CGT et créé une section syndicale dans la boîte. Une activité militante qui lui valut d’être licencié en 1979.

Toujours dans la région caennaise, il avait retrouvé un emploi dans la métallurgie, chez Spie Batignolles, dont il fut, là aussi, licencié en 1981. Vingt ans plus tard, entre 2000 et 2001, c’est en luttant dans le cadre d’une restructuration chez Moulinex (qui conduira au licenciement de 3 000 salariés), qu’il s’était fait plus largement connaître. Élu depuis 1986 à la commission exécutive de la fédération CGT des travailleurs de la métallurgie et, depuis 1990, secrétaire de l’union locale CGT de Caen, en 2001, il lâche définitivement la boîte à outils pour devenir secrétaire général de l’union départementale du Calvados. « Je l’ai vu arriver à ce poste, se souvient Jacques Defortescu, ancien secrétaire de l’union locale du Havre. Thierry succédait à un cheminot à la tête du Calvados d’ailleurs, comme il succédera à Bernard, un cheminot, à la tête de la CGT. » Pour la petite histoire, Thierry a tout de même une épouse cheminote qui n’hésite pas à l’aiguiller sur les questions de service public des transports…

Il a surtout, toujours selon Jacques Defortescu, « une capacité à prendre du recul, à analyser les situations ». « Comme il remplaçait un fonceur à l’union départementale, au début, on lui reprochait d’être un peu distant, sourit-il. Il a eu vite fait de réagir et de rectifier son attitude. Aujourd’hui, il a du charisme, il est chaleureux, tout en sachant prendre de la hauteur sur le fond des débats. Il n’est pas du genre défenseur solitaire de causes perdues. Si les gens se mobilisent et se mouillent vraiment, alors là, oui, il y va et jusqu’au bout… »

Comme bien d’autres dirigeants cégétistes avant lui, Thierry Lepaon est membre du Parti communiste français. « J’ai un rapport affectif profond avec ce parti, qui date de ma jeunesse », confie-t-il. Mais, ajoute-t-il : « Je n’ai jamais participé aux instances de direction. » C’est avant tout de son père qu’il tient cet adage : « La patience est une vertu révolutionnaire. »

Patience, écoute sont des qualités que lui reconnaît volontiers Francine Blanche, l’une des secrétaires nationales de la CGT, qui souhaite que l’on voie en lui « un homme qui repart des grandes valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité tout en sachant les adapter aux réalités d’aujourd’hui ». « Avec lui, on ne va pas se replier. Il a un discours lucide, d’ouverture, qu’il a nourri grâce à ses expériences politiques et militantes, y compris au sein d’une grande multinationale comme Moulinex. Et ayant siégé à la tête du groupe de la CGT au sein du Conseil économique, social et environnemental (Cese – NDLR), il sait qu’il existe de nouveaux lieux de pouvoir. Il a vue sur la société civile et ce sera précieux pour la suite. »

À son arrivée au Cese, en 2010, il a d’abord tenu un discours jugé « trop raide ». C’est de justesse qu’il en est tout de même devenu vice-président. Parmi les chevaux de bataille qu’il enfourche volontiers au sein de cette assemblée : la lutte contre l’illettrisme et la formation en général. Ce n’est pas pour rien, qu’il appelle, chaque fois qu’il en a l’occasion, à « faire de la pédagogie ». Donner à comprendre pour espérer rassembler et mobiliser le monde du travail, n’est-ce pas la mission qui l’attend ?

Par Citoyen 18.

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