16 Août 2013
578 morts, mais sans doute plus, les Frères musulmans annonçant plus de 2.200 victimes. Quels que soient les chiffres, il n’y a qu’un mot : massacre. Un massacre évidemment condamné de toutes parts aussi bien par Obama, Hollande que par les Européens qui s’étaient en vain proposés pour une impossible médiation.
De nombreux Égyptiens soutiennent l'armée:
En Égypte même le vice-président Mohamed El Baradei a présenté sa démission, estimant que les morts auraient pu être évitées. Malheureusement, ceux qui vont tirer profit de ce qui s'est passé mercredi sont ceux qui appellent à la violence et à la terreur, les groupes extrémistes.
Pourtant El Baradei a été violemment critiqué non seulement par des mouvements révolutionnaires comme Tamarrod ("rébellion"), mais aussi par son propre parti, une coalition de partis laïcs et libéraux qu'il dirigeait avant son entrée au gouvernement.
En dépit de la violence de la répression, qui a souvent frappé des manifestants très jeunes et désarmés, force est de constater que de nombreux Égyptiens soutiennent l'armée. Et qu’en grande majorité, ils ont été très marqués par les accusations relayées par Amnesty International de cas présumés de torture et d’assassinat perpétrés par des partisans du président déchu Mohamed Morsi sur leurs opposants place Rabaa al-Adawiya.
Selon une enquête, 57 % qualifient de "terroristes" les partisans de Morsi ! Ce qui explique qu’entre le sabre et le goupillon islamiste, ils préfèrent le sabre. Qu’entre un président élu, eux qui se sont battus pour la démocratie, ils préfèrent un coup d’état qui vient de réinstaurer un état d’urgence honni, subi pendant trente ans sous Moubarak.
Tous les éléments d'une guerre civile:
Peut-être faut-il rappeler que l’État en Égypte est une très vieille invention puisque dans l’Égypte antique, l’État possédait tout, y compris le travail des particuliers. Et l’État pharaonique y était un État militaire.
Pendant longtemps, sous Moubarak, les Frères musulmans constituaient une sorte d’État parallèle. C’est en essayant de mettre l’État égyptien au service de leur confrérie qu’ils ont à la fois inquiété les Égyptiens et l’armée. Les Égyptiens car leur mode de vie était mis en question par les nouvelles règles islamiques. L’armée car ses positions économiques se trouvaient menacées et la coexistence impossible avec le califat islamique.
La confrérie, se préparant à un assaut, avait prévu un plan notamment contre les Coptes qui s’est vérifié mercredi, des centaines d’églises ayant été incendiées. D’ailleurs la confrérie n’avait-elle pas annoncé ces derniers jours la création d’une "armée libre égyptienne" pour réinstaller Morsi ?
Tout ceci laisse penser que les éléments d’une guerre civile sont malheureusement en train de se mettre en place.