Le baromètre annuel du ministère de l'Ecologie et de l'Energie indique que la facture énergétique des Français a bondi de 200 euros pour atteindre 3.200 euros par ménage en 2012, soit une augmentation de plus de 6%. Une hausse qui peut fragiliser les ménages n'arrivant déjà plus à joindre les deux bouts. Thierry Robert est directeur général du Secours Populaire. Interview.
Des familles viennent-elles vous voir au motif qu'elles n'arrivent plus à régler leurs factures ?
- Oui. Le déclencheur de la demande d'aide par les familles peut être la difficulté de payer des charges liées à l'énergie. Notre aide, ensuite, ne se traduit pas forcément sur le chauffage ou sur la facture d'électricité mais sur des aides alimentaires, vestimentaires, auxquelles jusqu'ici la famille arrivait à subvenir.
Nous donnons aussi des coups de pouce au niveau du logement, des aides matérielles. Nous faisons un accompagnement au cas par cas de chaque famille grâce au soutien de donateurs, car c'est grâce à leur générosité que nous pouvons agir.
Comment se traduit pour ces familles l'augmentation de la facture énergétique ?
- La question de la précarité énergétique n'est pas nouvelle. Le Secours populaire y est confronté depuis plusieurs années déjà. Et elle s'accroît encore davantage dans le budget des foyers, avec plusieurs effets possibles.
Les foyers peuvent diminuer leur chauffage, les plaçant dans des situations encore plus difficiles. Les budgets relatifs à l'alimentaire, la santé, et les loisirs du quotidien peuvent être réduits pour faire face à une hausse de la facture énergétique.
Et les vacances aussi sont touchées : nous le voyons très significativement avec un accroissement des demandes d'aide pour les départ en vacances des enfants.
Finalement, il y a une précarité accrue ?
- En 2012, nous avons aidé 2.546.000 personnes. La part du nombre de foyers avec enfants a augmenté de 13% sur la période 2011-2012 : on compte près d'un million d'enfants parmi les personnes aidées par le Secours populaire français. Toutes ces situations ne sont pas forcément liées à la problématique énergétique. Mais les choses se rejoignent.
L'augmentation d'une charge oblige les familles à faire des choix. Elles vont se chauffer dans des conditions moins décentes, voire risquées, la sécurité et les activités sont rognées.
En plus des familles déjà en situation de précarité, il y a des familles qui entrent dans la précarité car elles n'arrivent plus à payer leurs factures. Le fossé se creuse entre une vie décente et une vie en situation d'exclusion.
Propos recueillis par Laura Fernandez Rodriguez, - Le Nouvel Observateur.