La porte à gauche. Jean FERRAT a chanté que certains prétendent que le bonheur était à la porte à droite. Aujourd’hui est-il à la porte à gauche ? Oui ! mais à la condition de secouer le cocotier de la pensée convenu ! Ce petit blog crée à l’initiative de quelques militants communistes de Vierzon n’a d’autres ambitions que de donner aux citoyens un support pour s’exprimer librement sur les sujets politiques, sociaux ou culturels d’actualité du local à l’international, qui s’émancipe des discours convenus, des lignes officielles décidées par quelques notables de la politique, aux doubles langages, aux bonimenteurs de vraies fausses solutions et qui cultivent la résignation. Déverrouillez les débats et enfoncez la porte à droite (….ou à gauche ?) Les seules limites, car il en faut, à notre liberté : Celle du respect des personnes, le souci de la vérité et de faire vivre le débat. Ainsi seront exclus tous messages comprenant des insultes ou diffamations visant une (des) personne(s), seront exclues, s’ils sont avérées, des informations mensongères ou rumeur infondées. Chacun pourra également participer au débat juste et loyal en signalant un abus de cette nature. Les productions de ces abus seront retirés et l’auteur exclu du blog.
5 Avril 2013
Henri Guaino était le bon client dans le rôle du chiffon rouge, après ses excès verbaux à répétition, d’abord sur le « mariage pour tous », puis dernièrement après la mise en examen de Nicolas Sarkozy.
Politique de fraîche date puisqu’il a longtemps été un homme de l’ombre, notamment « speech writer », conseiller et auteur des discours de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, le moins qu’on puisse dire est qu’il ne s’est pas fait remarquer par une approche novatrice de la vie politique ces dernières semaines.
Richard Bohringer ne l’a pas raté. Grande gueule à la voix rocailleuse, avec des accents mi-populistes, mi-indignés, l’acteur a parlé avec ses tripes sur l’état actuel de la France. Et il a dit ses quatre vérités à Henri Guaino qui, même avec un cuir endurci, a dû accuser le coup.
Après avoir évoqué les « cinq millions de chômeurs », les « huit millions de personnes qui vivent avec moins de mille euros par mois », il a réglé son compte à la classe politique.
« Depuis trente ans, il n’y a rien eu de fait. Il n’y a pas eu de vision, pas eu de point de vue, on n’a rien jeté dans l’avenir, rien du tout. Trente ans de politique naze, gauche et droite.
Je crois, visitant beaucoup la France, dans beaucoup de villes, beaucoup d’endroits, dans beaucoup de régions martyrisées, par le non-emploi, le chômage, la déficience des services sociaux, le rejet de la société, alors que Paris reste encore la Babylone magnifique qui se prend pour la France... Paris n’est pas la France (applaudissements)...
Je trouve que, en ces temps troublés, tellement troublés, tellement troublants, que les politiques, qu’ils soient de gauche, qu’ils soient de droite, ne se taisent pas enfin pour être dans la même flamme, dans le même univers... On parle de République, de républicains...
Mon cœur bat quand j’entends ça, mais pourquoi il n’y a pas de République ? Pourquoi il n’y a pas de républicains ? Parce qu’on n’est pas républicains quand on se sépare comme ça, quand on balance les anathèmes, et à gauche, et à droite, et quand le peuple, qui est en bas, qui est dans la merde, reçoit tout comme ça, je trouve ça très indécent de la part de la classe politique. »
« D’ailleurs je pense que [...] le politique, qu’il soit femme ou homme, aujourd’hui en tous cas (peut-être que demain j’aurai changé d’avis), il ne sert plus à rien. C’est un prestataire de service. La preuve, c’est que ces putains de dettes, qui emmerdent tout le monde, qui mettent les peuples à plat, qui les mettent à genoux, on n’arrive pas à les éliminer.
Moi, républicain, payant mes impôts, etc., je voudrais que toutes les dettes de ces pays soient annulées. Et je peux vous dire que là, le problème du chômage, le problème des constructions, le problème de l’avenir pour nos enfants et ainsi de suite, il aurait une grande chance d’éclater et vraiment de revenir vers la vie.
Tant qu’il y aura ces histoires de dettes qui mettent à plat les peuples, et comme vous les politiques vous n’arrivez pas à les éliminer parce que la banque est plus forte que vous, c’est elle qui vous imprime la destinée de notre peuple et pas vous (applaudissements et bravos). »
Cette diatribe très applaudie est très révélatrice du climat politique. Richard Bohringer n’est évidemment pas un supporter du FN, et pourtant, il y a en creux la même critique de l’« UMPS », c’est-à-dire gauche et droite responsables de la crise actuelle, et une classe politique irresponsable.
Qui peut nier que cette idée n’a pas progressé dans des secteurs inattendus de la société française ? Et on constate le même phénomène dans les autres sociétés européennes, comme l’ont montré à leur manière les élections italiennes récemment.
Richard Bohringer n’est pas un activiste politique, il parle avec ses tripes, pas toujours de manière politiquement correcte, mais il pointe assurément un double phénomène :
La prestation de François Hollande jeudi soir, dont Richard Bohringer a souligné qu’il n’était pas seul responsable de l’état du pays, a renforcé ce sentiment d’impuissance.
La « boîte à outils » du chef de l’Etat aura peut-être un impact statistique sur la courbe du chômage à la fin de l’année comme il le promet, elle n’offre ni vision globale pour le pays, ni même une perspective enthousiasmante pour qui se demande à quoi va ressembler la France dans cinq ou dix ans.
Alors, tous pourris et/ou inutiles ? C’est le grand danger de la période actuelle, de délégitimer la politique, au profit de forces dont on ne sait pas qu’elles aient un programme alternatif, et une éthique telle qu’on aurait envie de leur confier les clés de notre avenir... Au contraire.
La sortie d’un acteur, un samedi soir dans une émission de variété, face à un représentant un peu caricatural de la vanité politique, devrait sonner comme un avertissement à ceux qui, comme ils l’ont toujours fait, espèrent s’en sortir par quelques tours de passe passe à l’heure des rendez-vous électoraux.
Le pays, semble-t-il, aura du mal à s’en contenter.
Merci Monsieur Richard Bohringer.