28 Février 2013
Jean-Luc Mélenchon était l'invité de "questions d'info" aujourd'hui sur LCP, avec le Monde, l'AFP, et France Info. L'ancien candidat à la présidentielle n'a rien perdu de sa verve depuis la présidentielle. Il est toujours indigné, même après l'arrivée d'un président socialiste à l'Elysée.
Indignez-vous ! le mot d'ordre de Stéphane Hessel convient tout à fait à Jean-Luc Mélenchon, d'où son hommage à la modernité du résistant mort aujourd'hui. "Je souhaite à tous d'avoir autant de fraîcheur d'esprit et de capacité d'indignation qu'il en avait lui à 95 ans, car j'en connais qui sont beaucoup plus jeunes et qui dont déjà complètement amortis, habitués à la souffrance des autres et qui ne feront rien.
- Il avait quand même rejoint le Parti socialiste, ça vous a déçu ?
"Ça prouve sa candeur et sa naïveté de jeune homme, parce qu'il a cru que ça pouvait s'arranger, que les socialistes allaient pouvoir être autre chose que des sociaux libéraux, il s'est trompé, mais je ne lui en veux pas."
Les socialistes. La voilà la source de l'indignation de Jean-Luc Mélenchon.Des socialistes qui laissent prospérer les violences, à l'en croire.
"Imaginez-vous que ce soit sous monsieur Sarkozy qu'il y ait eu 2 personnes qui s'immolent devant un Pôle-Emploi. Imaginez-vous que ce soit monsieur Guéant qui ait fait un tir de flashball sur un ouvrier de 25 ans qui vient à Strasbourg, vous imaginez l'action révolutionnaire participer à une manifestation. Ça veut dire que nous nous habituons à une élévation de la violence sociale, de la violence de l'ordre établi pour maintenir l'ordre. Vous avez un ministre de gauche qui a l'air de faire un concours avec son prédécesseur dans le passé Jules Moch, lui aussi faisait tirer sur les ouvriers, alors c'était des balles, maintenant c'est avec des flashballs. C'est une espèce de compétition pour qui va être le plus dur, le plus austère, le plus violent, va contrôler le mieux. Les mots deviennent d'une violence terrible."
Des socialistes qui évoluent... tel Henri Emmanuelli qui estime qu'il faut poser la question de la durée des cotisations retraites. Ce qui attriste Jean-Luc Mélenchon.
"C'est très douloureux pour moi de l'entendre parler comme ça. Alors c'est un changement de pied tout à fait extraordinaire, qui me déçoit, qui m'attriste, qui me peine, car Henri a toujours été du bon côté toutes ces années, et quand c'était pas facile pour lui. C'est consternant."
Consterné, Jean-Luc Mélenchon. Consterné par l'exercice du pouvoir pratiqué par les socialistes et leurs alliés.
Le co-président du Parti de gauche qui estime donc incarner une alternative à gauche.
La persistance de la crise économique renforce ses convictions. Tout comme le résultat des élections en Italie.
"La société européenne toute entière est en train de se cabrer. Et la chaîne va craquer quelque part, j'en suis absolument sûr, je ne sais pas où, je ne sais pas quand même, mais j'en suis certain. c'est pour ça que j'ai créé le front de gauche avec mes camarades, pour qu'il y ait une force politique d'appui, On va se battre pour ça, pour être le recours, pour être ceux qui peuvent proposer une politique alternative. On a là des choses à proposer "
Jean-Luc Mélenchon qui soutient la proposition de loi du Front de gauche visant à amnistier les syndicalistes condamnés sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Et qui estime à cette occasion qu'il faut " tordre le bras de François Hollande en espérant que ça lui fasse mal ". Un propos musclé, que Jean-Luc Mélenchon assume.
"Je rencontre le président de la République, nous en parlons. Il me dit : " oui, c'est très intéressant, je le note, tu as raison, on va en parler ". Il ne fait rien. Je le revois une deuxième fois, il me dit : "Ah oui, mais je ne suis pas saisi ". Qu'est-ce qu'il fait ? Il me balade et il me ment, S'il me dit : " je ne suis pas saisi " et qu'il l'est. Donc il est normal à partir de là que je monte le ton. "
Car donner de la voix, c'est la seule arme dont dispose désormais Jean-Luc Mélenchon, il l'admet.
"Qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'autre ? je n'ai que le ministère de la parole, donc qu'est-ce que je peux faire ?... ".
Jean-Luc Mélenchon détenteur du ministère de la parole, donc.
Par FranceInfo.