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La porte à gauche. Jean FERRAT a chanté que certains prétendent que le bonheur était à la porte à droite. Aujourd’hui est-il à la porte à gauche ? Oui ! mais à la condition de secouer le cocotier de la pensée convenu ! Ce petit blog crée à l’initiative de quelques militants communistes de Vierzon n’a d’autres ambitions que de donner aux citoyens un support pour s’exprimer librement sur les sujets politiques, sociaux ou culturels d’actualité du local à l’international, qui s’émancipe des discours convenus, des lignes officielles décidées par quelques notables de la politique, aux doubles langages, aux bonimenteurs de vraies fausses solutions et qui cultivent la résignation. Déverrouillez les débats et enfoncez la porte à droite (….ou à gauche ?) Les seules limites, car il en faut, à notre liberté : Celle du respect des personnes, le souci de la vérité et de faire vivre le débat. Ainsi seront exclus tous messages comprenant des insultes ou diffamations visant une (des) personne(s), seront exclues, s’ils sont avérées, des informations mensongères ou rumeur infondées. Chacun pourra également participer au débat juste et loyal en signalant un abus de cette nature. Les productions de ces abus seront retirés et l’auteur exclu du blog.

J’suis qu’un pov’paysan !

Quand j’étais bien plus jeune, Fernand Raynaud m’a beaucoup fait rire, avec son sketch sur ce pauvre paysan qui nous répètait en boucle : « Ca eût payé, mais ça paye plus ! ». Nous étions dans les années soixante. Je vous proposerais bien, ce jour, une version actualisée de ce personnage. Il est vrai que ce pauvre paysan d’aujourd’hui est simultanément patron de diverses entreprises agroalimentaires et pour faire sens, patron de la FNSEA et donc de la totalité des chambres d’agriculture ! Ce pov’paysan là se nomme Xavier Beulin !

 

Xavier BeulinEnfant d’agriculteur, le petit Beulin arrête très tôt ses études (au décès de son père, un classique) ; il obtiendra toutefois un BEPA en formation accélérée. Il devient rapidement fermier et aujourd’hui il exploite (il a encore le temps ?), avec son frère et deux cousins dans le cadre d’une EARL (Exploitation agricole à responsabilité limitée), une ferme de 500 ha de blé, de colza, d’orge, de maïs, de tournesol qui intègre aussi un atelier de production laitière avec un quota de 150 000 litres.

Il s’engage très rapidement dans le militantisme agricole, d’abord auprès des jeunes agriculteurs, puis à la FNSEA. En 1990 il devient vice-président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles du Loiret et vice-président du CETIOM (Centre technique interprofessionnel des oléagineux métropolitains). En 2002 il devient président de l’EOA (Alliance européenne des oléoprotéagineux), en 2008 président du « Grand port maritime de La Rochelle » et en novembre 2009, président du conseil d’administration de « FranceAgriMer ». Le 16 décembre 2010, il accède au poste de président de la FNSEA et devient donc le premier « céréalier » à cette fonction, historiquement occupée par un « éleveur ». Il est réélu sans surprise à ce poste le 9 avril 2014, puisque seul candidat !

Belle ascension pour ce jeune agriculteur ! Mais, il faut le dire, cet homme n’est pas qu’un agriculteur ! Le Monde nous explique les multiples facettes de ce personnage qui préside aussi (depuis 2000) la société « AVRIL » (ex-AVRIL-Sofiprotéol), un groupe créé en 1983 par les producteurs d’oléagineux, et devenu un acteur majeur de l’agriculture en France : « AVRIL travaille dans deux domaines : la fabrication d’huiles végétales (colza, tournesol) avec ses déclinaisons (biocarburants, chimie...) et l’alimentation animale (tourteaux issus du colza et du tournesol et destinés à nourrir le bétail, mais aussi transformation et commercialisation des œufs, du porc ou de la volaille). Sa filiale, Sofiprotéol, intervient financièrement tout au long des filières des huiles et protéines et de secteurs connexes comme la transformation laitière. Sofiprotéol prête en fait de l’argent à des agriculteurs et à des industriels des filières agroalimentaires.../... AVRIL compte plus de 8 000 salariés et réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 7 milliards d’euros. Le groupe est numéro 1 des œufs et de la nutrition animale en France, mais aussi premier producteur de biodiesel et d’oléochimie en Europe. » Si la holding« Sofiprotéol » n’est pas connue du grand public, bien que présente dans bien des domaines, il n’en est pas de même des marques distribuées. Par exemple pour l’alimentation animale c’est la marque « Glon Sanders » et pour l’alimentation humaine ce sont les huiles « Lesieur » et « Puget » ou les œufs « Mâtines ».

Ces activités placent notre « paysan » au centre du petit monde des affaires. Cela lui a permis de tisser un important réseau d’intérêts au cœur du capitalisme national. Ainsi on trouve au conseil d’administration d’« AVRIL » : Anne Lauvergeon, ancienne dirigeante d’Areva (à noter que le chiffre d’affaires de cette société est du même ordre de grandeur que celui d’AVRIL-Sofiproteol !), Jean-Pierre Denis, ancien secrétaire général adjoint de Jacques Chirac à l’Élysée et actuel président de Crédit Mutuel Arkéa et Crédit Mutuel de Bretagne, Pierre Pringuet, qui préside l’Association française des entreprises privées (AFEP), un lobby très influent, Patrice Gollier, ancien directeur général d’InVivo, la plus grande coopérative agricole de France, etc. Si sa place dans le monde des affaires « positionne » notre agriculteur, sa présidence de la FNSEA le rend par bien des côtés incontournable. Rappelons que la FNSEA dirige les chambres d’agriculture, siège dans les SAFER (achats de terres agricoles), siège dans certaines banques, est présente au sein des assurances (Groupama), de la sécurité sociale des agriculteurs (MSA), des organismes de formation et d’enseignement agricole, etc.

Politiquement, de par sa présidence de la FNSEA et son poids dans l’agro-industrie, notre pauvre paysan a ses entrées dans bien des structures ! Le journal Reporterre nous explique d’ailleurs que « sous Hollande, on ne dit pas non à Xavier Beulin. » Le journal développe : « Quand Xavier Beulin, coiffé de son chapeau de la FNSEA, monte au créneau, il obtient gain de cause. Avant les élections de 2012, il s’était prononcé pour un ministère de l’Agriculture et de l’agroalimentaire, il l’a obtenu. Il souhaitait voir Stéphane Le Foll plutôt qu’un autre au ministère de l’Agriculture en cas de victoire du PS ; son vœu a été exaucé. Le rejet de l’écotaxe ? Après des manifestations plus que musclées, il a été accepté. Agrandissement des élevages ? C’est fait pour les porcs et les volailles. « Directive nitrates » ? La FNSEA en fait une grosse colère, Manuels Valls l’a remise en cause. Aides aux retenues d’eau pour l’irrigation ? Le ministre Le Foll obtempère ».

Ce mélange des genres a d’ailleurs de nombreuses fois été dénoncé. La double présidence d’un grand groupe agroalimentaire (AVRIL) et de la FNSEA pose bien évidemment un problème. Même s’il s’en défend comme récemment dans son interview sur France-Inter.

Pour ma part je n’ai qu’une interrogation : Les vrais pauvres agriculteurs peuvent-ils se reconnaître dans un syndicat dirigé par un tel individu ?

Par:  René Durand.

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