19 Juillet 2016
Le dernier Fakir vient à peine de sortir. Mais puisque le rédac’chef se décide à coller à l’actu, on publie - et en exclu - l’édito que vous retrouverez dans vos boites à lettres et vos kiosques bientôt.
« Les ‘vieux’ ont pris la décision qui engage leur avenir : les jeunes Britanniques, très majoritairement favorables au maintien dans l’UE, sont particulièrement frustrés par les résultats du référendum et furieux envers leurs aînés », indique une dépêche de l’Agence France-Presse. Ainsi de Mary Treinen, 23 ans, consultante en technologie : « Je suis en colère. Ceux qui ont voté Brexit ne vont pas avoir à se battre pour leur avenir. »
L’ex-eurodéputé Daniel Cohn-Bendit reprend au bond cet argument : « Le passé a décidé de l’avenir. » A la RTBF, la radio télé belge, le directeur de l’information y va de sa proposition iconoclaste : « Faut-il supprimer le droit de vote aux plus de 60 ans qui votent contre l’avenir des jeunes ? » Le Monde, bien sûr : « Le droit de vote, c’est comme le permis : franchement, au bout d’un certain âge, on devrait leur retirer. » Pour d’autres, le vote des jeunes devrait peser davantage aux élections, parce qu’ils vont devoir « vivre plus longtemps » avec cette décision.
C’est une idée que nous avait déjà soumise Emmanuel Todd, mais pour un but presque inverse.
Les pro-européens devraient, en effet, se méfier.
Certes, en Grande-Bretagne, 73 % des 18-24 ans, 62 % des 25-34 ans, 52 % des 35-44 ans ont voté pour le Remain, le Leave dominant ensuite. Mais qu’en est-il, alors, chez nous, au référendum de 2005 ? C’est l’inverse qui est apparu : 56 % des 18-24 ans, 60 % des 25-34 ans, 63 % des 35-49 ans ont voté pour le « Non », le « Oui » ne devenant majoritaire que chez les 65 ans et +.
Ici, ce sont les vieux qui tiennent le plus à l’Union européenne.
Qui mettent notre avenir en péril par leur attachement à la « concurrence libre et non faussée ».
Et l’on ne voit pas l’AFP, Le Monde, Cohn-Bendit, etc. protester contre ces choix anti-jeunes, de Maastricht à Lisbonne...
Par souci d’amélioration de la démocratie, faisons une seconde suggestion : depuis quarante ans, « nous » avons fait le choix d’un libre-échange mondialisé. Mais qui en a payé le prix, en première ligne ? Les classes populaires. Ne faudrait-il pas, alors, leur accorder, à elles aussi, un double suffrage ?
Elles savent, en tout cas, se saisir du sujet lorsque la question leur est posée. En France, en 2005, 79 % des ouvriers et 67 % des employés s’étaient opposés à la Constitution européenne (contre 65% des cadres pour le « Oui »). En Grande-Bretagne, 64 % des ouvriers et 64 % des employés ont voté pour le Leave (contre 57 % des cadres pour le Remain).
Dans le nouveau Fakir en kiosque, une femme de ménage l’emporte contre le géant du nettoyage. Mais dans cette bataille, Madame Gueffar n’était pas seule... Entourés des cheminots, des soutiens, des amis, on a appris un truc dans cette bataille : la victoire en se taisant.
Mais aussi :
A retrouver en kiosque, à commander en ligne. Mais le mieux, c’est quand même de s’abonner !
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