Le 1er février est traditionnellement une date marquée de rouge dans le calendrier des automobilistes. Après un gel l'an dernier, les tarifs des péages repartiront demain à la hausse sur les 9.000 kilomètres du réseau privatisé : +1,12 % en moyenne. Selon l'association 40 Millions d'automobilistes, sur dix ans, le prix moyen du kilomètre aura bondi de 16,4%. En échange d'un ticket plus cher, les sept sociétés d'autoroutes, dont Vinci, Sanef ou APRR, se sont engagées à investir 3,27 milliards d'euros dans des dizaines de chantiers formalisés au sein "d'un plan de relance". Elles y ont gagné un allongement de la durée de leurs concessions.
L'essentiel des travaux sera lancé dans les trois années. Mais déjà, bulldozers et pelleteuses ont commencé leur ballet avec une double promesse : plus de fluidité du trafic et du travail pour les entreprises de travaux publics. Le chantier le plus pharaonique s'élèvera à 600 millions d'euros. Pour ce montant, les 7 kilomètres de la sortie du tunnel de Toulon passeront sur trois voies d'ici à 2024. Le Grand Sud concentre une demi-douzaine de ces projets à plus de 200 millions. Parmi eux, l'élargissement de la voie pour les derniers kilomètres avant l'Espagne, au niveau du Perthuis, ou l'aménagement d'un échangeur dans les Landes qui a déjà démarré. À Grenoble, la traversée devrait être plus fluide, grâce à des travaux au nord de la commune. Sur l'A13, vers la Normandie, un nouveau viaduc à hauteur de Guerville est déjà à l'œuvre.
Plus de transparence dans les appels d'offres:
Les créations d'emplois ont été estimées par les concessionnaires à 8.200 par an, de 2016 à 2024. L'État a voulu s'assurer que leurs propres filiales de travaux publics ne soient pas les principales bénéficiaires de ces marchés. Il a souhaité plus de transparence dans les appels d'offres qui seront lancés pour les projets de plus de 500.000 euros. Il s'est donc engagé à ce qu'une autorité indépendante garde un œil sur les pratiques des gestionnaires du réseau. Un geste bien modeste pour les très nombreux opposants qui s'étaient manifestés lors des discussions sur la prolongation de la durée des concessions, comme le député Jean-Paul Chanteguet. Quatre mois d'âpres négociations entre l'État et les sociétés d'autoroutes, qui assurent s'être "fait tordre le bras" mais ont finalement eu gain de cause sur l'ensemble des points soulevés.
Cette mission a été confiée au gendarme du rail, l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières, l'Arafer. Elle débute demain, même si les concessionnaires ont obtenu qu'elle ne mette pas son nez dans leur politique tarifaire. "C'est un contrôle assez modeste", reconnaît Pierre Cardo, son président. Son rôle se bornera à vérifier la conformité des appels d'offres ; 55% de ces marchés ne doivent pas être attribués à des entreprises affiliées aux concessionnaires. Elle veillera aussi à ce que les commissions d'attribution comportent bien des membres indépendants… Un travail colossal au vu du nombre de chantiers à venir. Or, l'Arafer a refait ses calculs : pas un euro de plus ne sera versé à son budget malgré l'extension de ses prérogatives aux autoroutes, mais aussi, autre nouveauté, aux autocars. "Autant dire que l'on va regarder passer les trains…", soupire Pierre Cardo.