Soupçonnés d'avoir exercé des violences contre des vigiles et deux DRH lors du Comité central d'entreprise (CCE) du 5 octobre, les employés, âgés de 35 à 48 ans, dont quatre sont employés de la branche cargo Air France et un d'Air France Industries, ont été placés en garde à vue lundi dans les locaux de la Police aux frontières de Roissy, chargée de l'enquête.
La garde à vue d'une sixième personne interpellée a par ailleurs été levée lundi en fin de journée.
A Roissy, plusieurs militants syndicaux et salariés de la compagnie continuaient d'occuper la zone de fret, en soutien aux gardés à vue. CGT, FO et Unsa Aérien, trois syndicats qui ont appelé à la grève nationale, se retrouvent à 15H00 pour discuter de la suite à donner aux événements.
La colère à gauche et chez certains syndicats provoquée par leur arrestation lundi au petit matin n'est pas retombée. "La méthode employée est parfaitement disproportionnée", a déploré sur iTELE Me Lilia Mhissen, avocate de la CGT Air France. "Les interpeller à 06H00 du matin comme s'il y avait un risque de fuite, de concertation, alors qu'on est huit jours après les faits, c'est une manière de continuer dans le spectacle. (...) Ce type de procédé est choquant", a-t-elle poursuivi. Le numéro 2 de la CGT Air France Mehdi Kemoune a réclamé "l'abandon des poursuites". "On ne peut pas criminaliser le désespoir des salariés, c'est une faute majeure", a-t-il indisité.
"C'est une honte!", s'est emporté mardi matin Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) sur BFMTV et RMC, avant d'ajouter: "qu'est-ce qu'ils ont fait, ces gens? C'est des trafiquants de drogue?"
"Ces salariés n'ont rien à faire en garde à vue", a également jugé Pierre Laurent (PCF) sur iTELE. "Les traiter comme des criminels, c'est vouloir les humilier et humilier à travers eux tous les salariés qui se sont mobilisés".
"Excès de zèle des forces de police" ou "provocation"? L'ex-député PS Julien Dray a posé la question sur France Info. "Dans la situation que vit Air France, tous les acteurs, y compris la justice, doivent faire attention à ne pas créer des tensions supplémentaires", a-t-il dit.
Au moins dix plaintes ont été déposées: celles de six vigiles et trois cadres de l'entreprise pour des "violences" et celle d'Air France pour "entrave au CCE" et "dégradations". Une enquête interne à la compagnie a également permis d'identifier une dizaine de salariés comme impliqués dans ces violences.
Les premières notifications de sanctions, qui pourraient aller jusqu'au licenciement, devaient être envoyées lundi à des salariés, avait affirmé à l'AFP une source proche du dossier, sans plus de précision.
Par: Syndicats CGT Air France.