31 Juillet 2015
« L’euro interdit radicalement toute politique progressiste possible. » C’est le premier postulat de la dernière tribune de l’économiste Frédéric Lordon.
Dans ce long texte publié hier sur son blog (lien), Lordon exhorte les gauches européennes à se réarmer idéologiquement en imaginant un "après-euro" , qu’il ne faut pas " abandonner aux extrêmes droites" .
"A ceux qui, sincèrement de gauche, se sont refusés si longtemps à voir l’impasse de l’euro, pour entretenir l’illusion d’un improbable "rapport de force" qui permettrait d’en changer la configuration, à ceux à qui il aura fallu le calvaire grec pour (commencer à) mesurer la radicalité idéologique des institutions européennes, il faut dire qu’après que cette erreur ait assommé les Grecs de Syriza, elle assommera les Espagnols de Podemos, et puis que nous y passerons tous" , prévient-il.
Lordon revient sur « la brutalité aveugle » et « l’inaccessibilité à toute argumentation rationnelle » avec lesquelles l’Allemagne a, selon lui, « décidé de châtier la Grèce« .
Sur ce point, Lordon est rejoint par une autre tribune… plus inattendue. Dans une "lettre à ses amis allemands" , également publiée hier samedi 18 juillet, Dominique Strauss Kahn estimait que l’Allemagne a préféré une victoire idéologique « sur un gouvernement d’extrême gauche » à la cohésion de l’Union européenne. "Sans discuter en détail les mesures imposées à la Grèce pour savoir si elles sont bienvenues, légitimes, efficaces, adaptées, ce que je veux souligner ici c’est que le contexte dans lequel ce diktat a eu lieu crée un climat dévastateur", estime l’ex-président du FMI.
Quant à la Grèce, il est avéré que Tsipras était mentalement prisonnier de l’euro, et l’on sait désormais où conduit ce type d’enfermement volontaire. Disons les choses tout de suite, quitte à ce que ce soit avec rudesse : le Podemos d’Iglesias le rejoindra dans la même cellule.
Par: El Diablo rouge.