C’est officiel, les anciens conseils "généraux" s’appellent désormais "départementaux". Volonté de François Hollande, le changement est censé apporter davantage de clarté pour les citoyens qui associeront désormais directement l’institution au département concerné. Mais il impose la modification de tous les intitulés sur les panneaux d’indication, les bâtiments ou encore les véhicules officiels et les bus scolaires. Côté département, à chacun sa stratégie pour ajouter ces six lettres supplémentaires, même si toutes n’ont pas le même prix.
"L'adaptation du logo a été réalisée par les services internes à coût zéro. Le déploiement se fait au fur et à mesure des besoins." Dans le département du Loiret c’est très simple, on assure que le changement de logo ne coûtera rien du tout. Pas besoin de graphiste, le nouveau sigle a été réalisé "en interne" début 2014, soit un an avant sa mise en œuvre officielle.
Comme le Loiret, la grande majorité des départements ayant déjà réalisé le changement de nom ont opté pour une stratégie économe en reprenant l’ancien logo et en l’adaptant au nouveau nom. Pas de révolution graphique donc, mais un problème : comment remplacer sur le même logo l’intitulé "conseil général" par "conseil départemental" ? Beaucoup ont contourné les problèmes en décidant d’écrire "le département", qui comporte quasiment le même nombre de lettres, et de sacrifier le terme "conseil".
En Charente, on revendique également des coûts qu’ils jugent très faibles (17.000 euros : 7.000 de création et 10.000 de frais de remplacement) car le changement de logo a été réalisé lors du renouvellement du parc de véhicules. "Nous avons ainsi commandé des bus jaunes plutôt que blanc et simplement fait poser le logo en monochrome sur film transparent. Or, c'est ce qui habituellement impacte le plus les budgets", explique-t-on au département. "Penser aux coûts en amont, c'est tout notre travail justement... On ne doit pas se limiter à la création et ensuite dire 'voilà combien ça va coûter'. Mais c'est beaucoup de travail."
Face aux budgets a minima s’opposent ceux qui s’alarment des coûts exorbitants qu’impliquerait le changement de nom. Le conseil départemental de la Sarthe, qui effectue un inventaire de son matériel, estime que ces coûts pourraient dépasser le million d’euros. Au vue des remplacements que ces opérations impliquent, il juge peu crédibles les départements qui annoncent ne presque pas subir les dépenses. Même son de cloche du côté de l’Aveyron, qui a fait le choix de garder l’ancien logo et d’y remplacer le nom 'bien sûr pour limiter les dépenses'. Une technique qui, selon leurs estimations, va atteindre les 500.000 euros pour l’ensemble des modifications.
Le président UDI de Côte d’Or, François Sauvadet (réélu jeudi), déclarait il y a un mois sur un site d’information local : "Le coût du changement de nom va s’élever à 1,3 million d’euros." Il détaille : "Pour les bâtiments, le coût est de 400.000 euros […] ; les marquages de véhicules et les supports billettiques, 565.000 […] ; les fournitures de bureau, ce sont 150.000 […] ; les poteaux d’arrêts de bus, nos panneaux et les bornes kilométriques pour 40.000." Même si cet opposant à la réforme territoriale relativise en affirmant qu’il va "tout faire pour limiter ce coût et n’effectuer les remplacements qu’au fur et à mesure de leur usure."
Sur les 98 départements devant faire face au changement de noms, 23 ne disposent pas encore à ce jour du nouveau logo et affichent encore sur leur site internet l’ancien intitulé "conseil général". Par exemple, dans l’Indre-et-Loire, "on attendait le changement de présidence car l’ancienne n’avait pas voulu s’engager sans savoir quelles seraient précisément les compétences de la nouvelle collectivité". Ils affirment ne pas avoir encore chiffré le coût du changement même s’ils "ont plusieurs scénarios" pour la suite. Envisagée, l’option de la modification totale du logo "n’est pas celle privilégiée".
Mais au-delà des retardataires, quelques chanceux n’avaient pas à s’occuper du problème, tout simplement car leur logo ne comportait pas l’ancien intitulé. A l’image du conseil général du Nord qui s’était rebaptisé de lui-même "le département" dès 2011, bien avant que la loi ne l’impose, ou encore des Deux-Sèvres qui préfére afficher son slogan : "Un brin d’avance".