4 Septembre 2014
Des montagnes de déchets totalisant 40 millions de tonnes chaque année. Un quasi monopole de Veolia et de Suez sur leur traitement. Des incinérateurs qui posent davantage de problèmes qu’ils n’en résolvent. Bienvenue dans les poubelles de l’agglomération parisienne. Où les ordures se mélangent et s’agglutinent, se brûlent puis se stockent, sans pour l’instant que soient imaginées d’autres alternatives. A quand une vraie filière de tri et de compostage ? La région Île-de-France osera-t-elle se lancer dans le mouvement « zéro déchet » ? Enquête.
Les environs de Claye-Souilly, au nord de la Seine-et-Marne, par un beau matin de printemps. Des effluves bien particulières. Pas celles de fromages de Brie fermentant au soleil, mais des décharges, nombreuses, qui entourent la ville. Elles accueillent chaque jour une noria de camions venus de toute l’Île-de-France pour déposer gravats, métaux ou déchets ménagers. La plupart des décharges de la région – poliment nommées installations de stockage – n’accueillent que des déchets dits inertes, c’est à dire des terres, des bétons ou des briques, issus des chantiers franciliens.
Ces déchets sont utilisés pour remblayer d’anciennes carrières ou forment des petites collines dans le paysage des plaines de la Brie. Claye-Souilly a également la chance de partager avec deux villes voisines la plus grande décharge francilienne de déchets ménagers – « installation de stockage de déchets non-dangereux » en langage technique (ISDND). Le monstre, propriété de Veolia Propreté, s’étale sur 289 hectares, soit la taille du 10ème arrondissement de la capitale. Et peut accueillir annuellement 1,1 million de tonnes de déchets.
Plus d’un million de tonnes de déchets dans une seule décharge ! Le chiffre a de quoi donner le tournis. En fait, parler des déchets en Île-de-France, c’est toujours parler de chiffres astronomiques. Un million de tonnes, correspond plus ou moins au poids des déchets ménagers collectés en un an à Paris intramuros. L’ensemble des Franciliens rejettent annuellement 5,7 millions de tonnes d’ordures ménagères, soit 481 kg par habitant. Aux poubelles des habitants s’ajoutent des déchets d’activité économique, parmi lesquels on distingue les déchets de chantier et les déchets de l’industrie, des services et du commerce.
Les premiers représentent l’immense poids de 30 millions de tonnes, constitué à 88 % de déchets inertes et très largement mis en décharge. La seconde catégorie ne représente « que » 5 à 6 millions de tonnes, mais produit tout de même l’essentiel des déchets dangereux d’Île-de-France. Cependant, on observe d’immenses disparités entre les différentes activités : un employé de boucherie génère ainsi en moyenne 65 kg de détritus par semaine, alors qu’un employé de boulangerie n’en jette que neuf. Au total, l’Île-de-France produit donc annuellement un peu plus de 40 millions de tonnes de déchets ! L’équivalent de ce que produit la France en blé !
( La suite de l'article: http://www.bastamag.net/Dechets)