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La porte à gauche. Jean FERRAT a chanté que certains prétendent que le bonheur était à la porte à droite. Aujourd’hui est-il à la porte à gauche ? Oui ! mais à la condition de secouer le cocotier de la pensée convenu ! Ce petit blog crée à l’initiative de quelques militants communistes de Vierzon n’a d’autres ambitions que de donner aux citoyens un support pour s’exprimer librement sur les sujets politiques, sociaux ou culturels d’actualité du local à l’international, qui s’émancipe des discours convenus, des lignes officielles décidées par quelques notables de la politique, aux doubles langages, aux bonimenteurs de vraies fausses solutions et qui cultivent la résignation. Déverrouillez les débats et enfoncez la porte à droite (….ou à gauche ?) Les seules limites, car il en faut, à notre liberté : Celle du respect des personnes, le souci de la vérité et de faire vivre le débat. Ainsi seront exclus tous messages comprenant des insultes ou diffamations visant une (des) personne(s), seront exclues, s’ils sont avérées, des informations mensongères ou rumeur infondées. Chacun pourra également participer au débat juste et loyal en signalant un abus de cette nature. Les productions de ces abus seront retirés et l’auteur exclu du blog.

Je pars mais je reviens !

Ces quelques lignes sont un message amical à ceux qui se donnent rendez-vous sur ce blog. Les dernières heures avant mon départ ont été bien remplies. J’ai beaucoup participé aux discussions qui se menaient entre nous à propos de la façon de manifester notre solidarité avec les gazaouis. Il fallait agir. Mais il fallait aussi éviter de tomber dans les pièges que Manuel Valls et François Hollande ont tendus sans relâche pour provoquer des incidents et criminaliser le mouvement de soutien. Dans tout le pays, à l’heure à laquelle j’écris, nous avons tenu le chemin de crête. L’admirable c’est évidemment le sang-froid magnifique des manifestants et en particulier des jeunes. Les provocateurs sont restés isolés et aucun des reportages, évidemment à charge, n’a pu mieux faire que de montrer des marginaux. Je renvoie aux textes et compte rendus publiés par le site du Parti de Gauche pour apprécier le travail accompli.

D’un autre côté, toutes sortes d’évènements privés m’ont aussi tenus éloigné de mon clavier. Au point d’avoir oublié de poster mon compte rendu de séance au parlement européen qui va donc aller rejoindre la masse des discours et articles non prononcés et non publiés. Une année d’absence pour fait de réunions, meeting et cavalcades électorales m’a encore laissé une masse de paperasses à traiter. Car, bien sûr, j’ai aussi une vie d’ayant droit et de contributeur divers. J’ai intérêt à avoir tout en ordre.

Un avatar récent m’a rappelé à l’ordre ! L’administration du Parlement n’avait pas enregistré a temps ma « déclaration d’intérêts financiers ». Je fus aussitôt traîné au pilori médiatique. En effet passait par là une de ces hyènes médiatiques qui tournent en permanence autour du troupeau pour voir s’il n’y a pas des bêtes malades à harceler. Elle se fit un devoir de publier « l’affaire ». Je fus donc dénoncé sur deux radios et par trois brèves (avec photo immondes cela va de soi) comme n’ayant pas rendu ma « déclaration d’intérêts financiers » avec tout ce qu’un tel terme peut susciter de sous-entendu. Ce fut mon accueil médiatique pour l’installation du nouveau Parlement ! Bien joué coco ! Bien sûr, j’avais rendu cette « déclaration ». Pourquoi ne l’aurais-je pas fait ? Elle est passionnante ! Je n’ai aucun intérêt financier à déclarer ! Et ainsi de suite. Si j’ai le blues ce n’est pas du combat politique, de ses difficultés et cruautés. C’est de devoir subir ça. Les photos pourries, les papiers insultants sans relâche, la bêtise à front de bœuf de ces gens malveillants et suintant d’aigreurs et de haine, qui ne lisent rien, ne s’intéressent à rien vraiment, et résument tout aux quatre phrases qu’ils arrivent à comprendre tout en prétendant que ce sont les « gens qui ne s’intéressent pas ».

Le traitement médiatique de mon « recul » devenu « retrait » puis « départ de la politique » est encore un chef d’œuvre à la gloire de cette caste médiatique, de son incurable panurgisme et de sa dérive irréversible vers l’industrie du spectacle. Quelques-uns d’entre vous m’interrogent : « mais pourquoi ne démentez-vous pas ? » Votre naïveté vous honore, mes amis. Pourquoi démentir alors qu’il suffit de lire le texte de l’interview publié pour se faire une idée exacte. En fait, vous ne comprenez pas le fond de l’affaire. Ceci n’est plus de l’information depuis longtemps. Juste un spectacle. Je n’ai pas eu une ligne dans « Libération » pour mes innombrables tentatives d’instaurer le débat sur l’avenir de l’humanité en mer. Mais j’ai eu la « une » entière pour « un coup de blues ». Au moins pour une fois les papiers n’étaient-ils pas insultants. Ne parlons pas du « Monde », pathétique, cent pour cent fiel et règlement de compte personnel. Démenti ou pas, la suite est déjà écrite : « la fausse sortie de Mélenchon ». Avec leur perversité habituelle « avouez que vous l’avez bien cherché ». Avec aussi l’inévitable confidence crapauteuse du « cadre communiste qui préfère rester anonyme » pour déclarer une saleté sur mon compte. Lequel n’existe pas, bien sûr, mais cela fait si vrai ! Et cela permet peut être de recueillir ensuite des répliques aigres. Ah ! Que le métier est excitant !

Je vais me retirer (pas me pendre) quinze jours dans un moulin à eau du douzième siècle (pas entrer au monastère) au bout d’un chemin de terre (pas d’un cimetière). Avec des amis très beaux qui prennent le risque de m’accueillir et de voir l’intimité de notre séjour violée si un voyeur traîne dans le coin. J’ai amené avec moi des romans qu’on m’a offert dans l’année au fil de mes haltes. Je baillerai aux corneilles, ou bien au milieu des milliers de livres qui garnissent les murs de pierre dans l’immense pièce à vivre du bâtiment central, ou bien depuis le chemin en surplomb d’où je surveillerai l’Aveyron qui vous emporte le regard au fil du courant. La rivière coule et chante sans pause, une chanson douce qui lisse le cœur bien vite et vous le fait comme une de ces pierres qui sont au fond de l’eau, bien rondes et vertes, émouvant restes ultimes d’un faux océan qui se creusa à quelques milliers de kilomètres de là. Le flux est toujours le plus fort. Il n’a même pas besoin d’être patient. Il lui suffit d’être. Je ne sais mieux faire pour vous dire un au revoir (provisoire ! provisoire !) que de publier ce texte sur Jaurès que le JDD m’a commandé à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat du tribun du peuple. Je suis reconnaissant à ce journal de m’avoir donné cette occasion de m’exprimer sur un sujet plus grand que moi. Ainsi faut-il vivre je pense.

Par: Jean Luc MELENCHON.

Tribune parue dans le JDD du 27 juillet 2014

logo-jdd

À l’occasion du centenaire de l’assassinat, jeudi 31, de la figure socialiste, le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, fustige François Hollande et Manuel Valls.

Jaurès ! Ils n'ont plus que ce nom à la bouche ! Sarkozy avant-hier, Le Pen hier, Hollande et Valls aujourd'hui! D'où leur vient cette audace? Pour reprendre les mots du tribun, s'ils se battent autant pour les cendres, c'est pour mieux étouffer la braise.

Manuel Valls voulait l'enrôler pour ses sordides cadeaux au Medef. Jaurès aurait « sans doute » voté le pacte de responsabilité, a-t-il osé ! Faire parler les morts pour endormir les vivants. L'arnaque ! Jaurès aurait plutôt affronté Valls comme il avait affronté son modèle, Georges Clemenceau, quand il fallait soutenir les travailleurs face à la répression.

Une chose est sûre. Jaurès n'était pas un gentil garçon. Il ne cherchait pas l'estime des mous. Vous imaginez François Hollande capable de dire comme lui à propos de la Révolution française : « Je ne veux pas faire à tous ces combattants qui m'interpellent une réponse évasive, hypocrite et poltronne. Je leur dis : "Ici, sous ce soleil de juin 1793 qui échauffe votre âpre bataille, je suis avec Robespierre, et c'est à côté de lui que je vais m'asseoir aux jacobins. Oui, je suis avec lui parce qu'il a à ce moment toute l'ampleur de la Révolution " »

Jean Jaurès avait obtenu une première loi fixant l'âge de la retraite à 65 ans. C'était en 1910. Hollande vient de le reporter à 66 ans, comme il s'en est vanté auprès de la Commission européenne. Un siècle après, Hollande a fait pire que la réforme de Sarkozy et défait ce que Jaurès et tant de générations de militants avaient arraché au prix de tant d'efforts.

Jean Jaurès n'était non plus pas l'inoffensif « réformiste » que décrit Manuel Valls pour mieux le couper de l'aspiration révolutionnaire. Fausse route. Jaurès n'opposait pas les deux, loin de là. Son discours de 1900 sur « les deux méthodes » le dit avec clarté. Jaurès voulait faire « dans la réforme, œuvre commençante de révolution ; car je ne suis pas un modéré, je suis avec vous un révolutionnaire ».

Contrairement à Jérôme Cahuzac, qui n'a « jamais cru » à la lutte des classes, Jean Jaurès l'identifiait : « Entre les deux classes, entre les deux groupes d'intérêts, c'est une lutte incessante du salarié, qui veut élever son salaire, et du capitaliste, qui veut le réduire ; du salarié, qui veut affirmer sa liberté, et du capitaliste qui veut le tenir dans la dépendance. »

Jaurès n'était pas un apôtre de la moralisation du capitalisme ni du « donnant-donnant » avec le grand patronat et autres sornettes élyséennes. Il prônait tout autre chose ! Nationalisations, coopératives, mutuelles… Jaurès laissait le soin aux travailleurs de définir la forme concrète que devrait prendre la propriété collective. Mais il en défendait fermement le principe, « l'avènement d'un ordre nouveau dans lequel la propriété, cessant d'être monopoleuse, cessant d'être particulière et privée, deviendra sociale, afin que tous les producteurs associés participent à la fois à la direction du travail et au fruit du travail ».

La presse jouait l'exploitation des peurs pour exciter contre les « terroristes » de son temps ? Il voit le dégât si actuel : « À un peuple ainsi affolé, ainsi abêti par la peur, toute foi en la race humaine et en l'avenir n'apparaît que comme une dangereuse chimère, comme une meurtrière illusion. Il ne comprend même plus que le progrès est la condition de l'ordre. » Quand Hollande abdique le pouvoir des Français dans les mains des androïdes de la Commission européenne, Jaurès lui tire l'oreille : « Partout en Europe la lutte est engagée entre les oligarchies et la démocratie politique et sociale. » Quand il voit que Hollande leur a aussi cédé le pouvoir budgétaire du pays, il tonne : « La démocratie politique s'exprime en une idée centrale ou mieux encore en une idée unique : la souveraineté politique du peuple. » Quand Hollande soutient le gouvernement Netanyahou, il se fâche :  « Il ne faut jamais abandonner à la force ce que la raison peut régler. »

Déjà caricaturé en bête furieuse, parfois une torche incendiaire à la main, toujours une bouteille de vin dans la poche, ou décrit comme un agent de l'étranger, il lui faut tout subir. Un député de droite monte même à la tribune et le frappe tandis qu'il parle. Parfois le cœur saigne : « Je n'en peux plus. Depuis quelque temps, je les sens tous là, prêts à m'insulter dans ma femme ou dans ma fille. Je reçois des lettres d'ordures. Je sens grimper les limaces. Je me sens couvrir de crachats. » Mais l'espoir est indéracinable : « Nous savons par une expérience qui s'appelle la Révolution française qu'il ne faut jamais désespérer et qu'un jour ou l'autre, dans notre pays de France, la grandeur des événements répond à la grandeur de la pensée !" »

Jaurès, reviens ! Ils ont changé de camp !

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